Témoignage d’un jeune, Gregoire Gempp, qui a fait son parcours dans une des maisons de Saint Jean Espérance
Je m’appelle Grégoire Gempp, j’ai aujourd’hui 32 ans et 5 ans et demi d’abstinence.
C’est en Avril 2018 que commence le début de mon rétablissement, le commencement d’un long parcours… En premier lieu je fus accueilli au Besses, à Pellevoisin, là où je pus m’immerger loin du marasme parisien dans la tranquillité de la campagne du Berry. Très perturbé, instable et découragé de mes mois de consommation excessive précédant mon arrivée ainsi que de toutes ces années passées à chevaucher entre abstinence et rechute dans différents services psychiatriques et cures en France, je débarque à Saint Jean Espérance au bout du rouleau… Uniquement motivé par l’espoir que porte ma mère pour cette association et sa foi chrétienne.
J’y découvre un lieu comme nulle part ailleurs, aucune blouse blanche, juste des frères en habit gris dont la bienveillance dépasse toute espérance. Certes aucun professionnel de santé mais un présentiel omniprésent, une expérience de vie et une richesse intérieure défiant toute concurrence. Habitué aux structures aseptisées, au rendez-vous médicalisé austère et au manque d’activité je me retrouve à suivre le rythme très cadré de la maison, rempli d’occupations très concrètes et dans un décor enchanteur. De plus, aucun moyen de consommer, pas d’argent ni de téléphone, ni d’internet ce qui diminue fortement la tentation malgré le fait que je puisse partir quand je veux. Le début n’est pas facile, il faut tenir le rythme, mais je ne suis pas seul, non seulement il y a ces « infirmiers 2.0 » mais aussi d’autres jeunes qui comme moi veulent en finir avec l’enfer de la dépendance. Je suis donc, et m’imprègne ainsi des trois piliers de la maison que sont le travail, l’amitié et la quête spirituelle.
Durant ses 22 mois passés au Besses, j’ai pu dans ce cadre familial et bienveillant retrouvé confiance en moi, m’éloigner de mes démons et accueillir mes émotions.
Me sevrer physiquement, mentalement et réapprendre à vivre heureux sans drogue.
J’ai pu réapprendre à travailler, à m’organiser tellement j’étais déstructuré.
Grâce aux nombreux groupes de parole, échanges et même thérapie avec des professionnels travaillant en lien avec l’association, j’ai pu apprendre à être honnête avec moi-même et les autres et découvrir des relations sociales sans artifice, dans le vrai et la sincérité. J’y ai aussi découvert que la maladie de la dépendance était une maladie des émotions et de la relation, une maladie mortelle et incurable mais dont on peut stopper l’évolution.
Riche de cette expérience sans être totalement sauvé pour autant, j’ai pu ensuite dans le parcours annexe me réapproprier mon autonomie et faire face à quelques tentations, portable et argent retrouvés. J’y ai passé un an avec une surveillance éloignée des frères et de l’association dans le village du Guédéniau avec d’autres jeunes qui comme moi avaient fait le parcours en maison mère. J’ai pu mettre en place tout ce que j’avais appris.
En septembre 2020 je me suis installé à Angers, où j’y vis depuis deux ans et poursuit mon abstinence et commence un nouveau travail dans le social.
Bref je suis heureux sans drogue !!!