Des Philippines à Marseille : une seconde chance pour la jeunesse en difficulté.
En 2018, ACAY contacte ESPERANCIA pour être soutenue dans ses programmes de réinsertion en ASIE, puis en 2019, c’est au tour de la France, à Marseille.
Au cœur de deux programmes spécifiques développés par l’association, les jeunes effectuent un formidable travail de résilience : L’École de Vie offre un milieu familial aux jeunes filles en vue de leur guérison intérieure puis de leur réintégration ; Le programme Seconde Chance est mené auprès des garçons délinquants en centres de détention et à leur sortie pour contrer la récidive.
ACAY a mis en place une pédagogie originale s’appuyant sur l’expérience de 20 ans d’actions sur le terrain.
- Le nombre de bénéficiaires est limité pour un accompagnement sous forme de mentorat individuel ;
- Victimes et délinquants apprennent à se respecter en cheminant ensemble ;
- A travers des approches éducatives créatives qui lui permettent de redécouvrir la dignité et le sens de sa vie, le jeune devient un acteur de changement pour la société ;
- A l’issue de son accompagnement, chaque jeune doit être capable d’aider à son tour en devenant mentor.
Des résultats à la hauteur de l’enjeu :
- Plus de 1400 jeunes ont suivi les formations ces 10 dernières années ;
- 100 % des jeunes filles du programme Ecole de Vie sont scolarisées et finissent leur année d’étude.
- 90 % d’entre elles bénéficient d’un coaching et suivent le module des formations sur la préparation à la réintégration dans la société.
- 90 % des jeunes garçons suivis par ACAY à leur sortie de prison ne récidivent pas et se réinsèrent ;
En France en 2019 :
- Plus de 2400 jeunes d’établissements scolaires et pénitentiaires ont assisté aux ateliers d’échanges de sensibilisation « Seconde Chance » en présence de jeunes philippins, anciens mineurs incarcérés accompagnés par ACAY et réinsérés dans la société ;
- Une trentaine de mineurs incarcérés sont formés et accompagnés en détention à la connaissance de soi et au développement de la personnalité ;
- Sur 9 jeunes accompagnés par ACAY à leur sortie de détention dans le cadre d’un programme pilote d’accompagnement à la réinsertion, 7 sont actuellement sur des sorties positives : remobilisation sur une formation ou travail, inscription au permis de conduire, sortie de la délinquance.
Aux Philippines, ACAY collabore avec le Ministère de la Cohésion Sociale et le Ministère de la Justice.
En France, ACAY est en lien avec l’Administration Pénitentiaire de la région Sud-Est et la Direction Territoriale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse des Bouches du Rhône.
Le jeune est au cœur de son histoire et de ses décisions en vue de sa réintégration dans la société.
L’histoire de COOKIE aux Philippines :
« Il n’y a pas de plus belle histoire que celle de notre Cookie. Nous étions venus voir quelques-uns de nos protégés. Ils venaient d’intégrer une fondation pour garçons […]. Certains avaient traîné dans les quartiers les plus glauques. L’un d’eux s’approcha […] Sœur Édith fut surprise de sa question : « Est-ce que je pourrais venir dans cette école de vie ? »
Elle lui rappela que cette maison était, comme elle l’avait déjà dit, pour les filles. « Mais j’en suis une ! » Sœur Edith écarquillait les yeux ! […] Elle devinait maintenant une jeune fille de 14 ans. Quelques jours plus tôt, elle avait une fois de plus snifé du solvant. Vivre, elle ne le voulait plus. Elle avait accumulé plus d’années de souffrances qu’elle ne pouvait en supporter. […]
Cookie est restée quinze jours avec nous. A la fin des 15 jours, elle a demandé si elle pouvait prolonger son temps parmi nous.
Pour la première fois de sa vie, elle dormait dans un lit. Et de surcroît, un lit pour elle toute seule. Mais en plus, elle mangeait trois fois par jour, elle se sentait en sécurité et pouvait envisager de retourner à l’école. Les mois passaient et elle se rendait compte que son passé de souffrance la tenaillait, lui lacérait le cœur. Elle avait tout connu : l’abandon de ses parents, la vie des rues, la prison ; les gangs lui avaient fait perdre son insouciance trop vite, elle avait vendu de la drogue, mais elle avait entre les mains un potentiel extraordinaire.
Pourtant, rien ne fut simple avec elle. […] Rares sont les volontaires qui n’ont pas pleuré parce qu’elle les mettait systématiquement à l’épreuve. S’attacher lui faisait trop mal. Elle avait l’impression de se protéger en gardant une distance « salutaire » […]. Mais pour nous, il fallait persévérer et tant pis si nous devions perdre la bataille pour un temps ; un jour, avec elle, nous gagnerions la guerre.
Cinq ans et trois fugues ! À chaque fois, nous avons couru après elle, au sens propre comme au sens figuré ! Chaque fugue était l’occasion de relectures intérieures, qui l’obligeaient à être plus vraie avec elle-même, à se connaître plus profondément, à comprendre sa difficulté de passer d’une vie sans structure à celle de l’École de Vie, et à faire de nouveaux choix. […]
Cookie, après bien des détours et un itinéraire des plus chaotiques, décida un jour de prendre racine dans l’École de Vie et d’entrer dans un chemin de la confiance. L’étape intérieure était franchie, la guerre était gagnée et elle allait désormais se lancer […]
En fait de 15 jours, elle restera cinq ans. Elle nous dira : « L’École de Vie ne m’a pas donné simplement à manger, elle m’a appris comment manger, comment me tenir à table. Je n’ai pas simplement étudié, j’ai appris à vivre en société, à parler avec d’autres, à partager… »
Cookie, enfant des rues et trafiquante de drogue, est diplômée d’école de commerce. Elle travaille aujourd’hui au sein de la mission Acay comme RH. Elle est maman d’une petite fille. »
Quand une expérience à fort impact dans un pays du Sud devient un projet innovant dans un pays du Nord.
Le témoignage d’IDRISSE, jeune marseillais, suite à son séjour à l’été 2019
Idrisse a rencontré ACAY pendant l’un de ses nombreux séjours en prison pour mineurs dès l’âge de 13 ans. Il a eu le « déclic » pour changer sa vie lors de sa dernière détention chez les majeurs aux Baumettes. Idrisse a aujourd’hui 24 ans. Il travaille dans les travaux publics à Marseille. Cet été, il a choisi de passer ses deux semaines de vacances en immersion au cœur des missions d’ACAY et a partagé auprès des jeunes philippins son « drôle de parcours » comme il aime à l’appeler. Voici des extraits de son récit de voyage…
[…] « J’ai également pu aller visiter les prisons pour mineurs où ACAY intervient. […] J’ai vraiment aimé la rencontre avec les mineurs en détention où j’ai donné mon témoignage. Je voyais les jeunes intéressés et attentifs à mon histoire. Je me revoyais en eux quelques années auparavant, comme un détenu qui essayait de prendre un maximum de conseils d’une personne qui a réussi sa vie après avoir connu la galère. […]
Pendant le week-end, durant quatre jours, les équipes d’ACAY ont accueilli en permission de sortie quinze jeunes que j’avais rencontrés à la prison pour mineurs. J’avais ramené un ballon de football pour essayer d’en faire avec eux et pour leur faire découvrir ce sport qui me fait tant vibrer. Il faut dire qu’aux Philippines, le sport national est le basket-ball et ils connaissent très peu le foot. C’était réussi parce qu’ils ont adoré ça. Cela m’a fait plaisir de leur avoir fait dépenser leur énergie dans le jogging et le football.
Aujourd’hui, j’essaie de me reconstruire et je manque de confiance par rapport à mon parcours. Ce jour-là, de cadrer les jeunes et de voir qu’ils écoutent, cela m’a redonné confiance en moi et m’a donné envie de davantage me donner aux jeunes. J’aimerai vraiment être coach, être un éducateur, aider. […]
Le moment qui m’a le plus bouleversé, c’est quand l’équipe a organisé un échange entre les anciens bénéficiaires du programme Seconde Chance d’Acay aujourd’hui réinsérés (dont moi) et les jeunes encore en détention. C’est grâce à des moments comme celui-là que n’importe quel jeune en difficulté peut avoir ses chances de se reprendre en main parce que j’ai vu dans leurs yeux et leur attention qu’ils cherchaient un « remède » pour s’en sortir. […]
Pour terminer mon séjour, j’ai passé une nuit dans le quartier d’affaires chez T. […] Directeur de … Cela m’a fait prendre conscience que quel que soit son milieu social, la réussite de notre vie était dans l’humanité et d’être tourné vers les autres.
J’ai réalisé pendant ce séjour qu’il faut toujours se battre et j’ai reçu une leçon de courage. Les Philippins ont une force mentale extraordinaire de ne rien lâcher, même dans la difficulté. […]
Au fond, j’ai découvert ici aux Philippines que je suis de tempérament joyeux […] je me suis lâché, j’ai été libéré d’un poids. […] Acay m’a fait découvrir comment à travers une approche très humaine on pouvait aider à se relever n’importe quel jeune et à croire au changement. »
Site : https://acaymission.com/fr/lassociation/
Immergez-vous en lisant « DÉFIER LE CHAOS » de Sœur Sophie de Jésus : https://www.lisez.com/livre-grand-format/defier-le-chaos/9782750909048