Un défilé mère enfant : un évènement social, esthétique, politique et rugbystique au service de la parentalité courageuse!
A l’occasion des 10 ans de la Tilma, nous organisions le troisième défilé maman-enfant, mais le tout premier avec un partenariat incroyable : le Rugby Club de Vannes. Ces défilés se sont lancés avec l’objectif de mettre dans la lumière des femmes, des mères, qui en ont rarement l’occasion. C’est un moyen esthétique et ludique de mettre en avant la maternité comme accomplissement de la féminité. Et c’était pour nous, l’organisation d’un programme léger dont les enjeux ne nous paraissaient pas gigantesques.
Avec le RCV, l’occasion d’un bon coup de Com’ ne nous échappait évidemment pas. Mais nous visions surtout un moment sympa tout simplement, à destination de nos partenaires de terrain du médico-social qui ont besoin d’être fidélisés dans l’intérêt des mamans. Mais ce 10 mars a dépassé nos petites projections. L’installation matérielle de La Tribune en vue de l’événement a fait monter la pression d’un coup : le lieu est prestigieux avec cette baie vitrée immense qui donne sur le stade de la Rabine, cher au cœur de tous les Vannetais. Nous avions prévu quelques bricoles, du tapis de défilé à quelques belles compositions florales, en passant par un certes très joli plafond de ballons gonflés à l’hélium. Mais l’effet est… impressionnant et on s’est soudain demandé… ce qu’on faisait là.
Coup de pression face à l’ampleur de l’évènement
Le logo du RCV est partout, des invités prestigieux ont validé leur venue : sportifs, politiques, partenaires du médical et du social… Nos petites familles qui constituent d’habitude le fan club de La Tilma vont devoir laisser un peu de place aux VIP.
Un petit coup d’œil à Virginie, la sœur de tous les « mauvais coups » de La Tilma et nous éclatons de rire devant la situation : « mais dans quoi est-ce qu’on s’est encore embarqué ! » Et puis le compte à rebours devient pressant. Nous sommes cantonnées aux loges et un grondement sourd se fait de plus en plus entendre dans la salle : le public arrive. Nous ne les voyons pas mais au bruit, nous comprenons déjà que l’événement est un succès. On apprend que les huiles sont là, qu’il faut faire asseoir les plus jeunes par terre, que l’entrée elle-même se remplit. Un vertige me saisit et je m’extrais un moment de la ruche que sont devenues les loges : des coiffeuses et maquilleuses sont venues en renfort. On ne les a même pas sollicitées, elles se sont proposées : j’en suis infiniment touchée et tout à fait éberluée.
Tout le monde s’agite pour faire un dernier point à une robe, discipliner une mèche rebelle, empêcher un enfant de salir sa tenue. Les bras m’en tombent : tout a l’air de se dérouler comme prévu. Certaines mamans se positionnent même déjà en ordre de passage.
Bien sûr , il y aura les impondérables …
Cette maman qui me dit que finalement elle refuse de défiler : « Tu es pourtant superbe dans cette robe et j’aurais adoré faire ce truc avec toi mais ok on laisse tomber, tu es tout à fait libre ». « Bon finalement, je vais le faire ». On se tombe dans les bras et on rigole, pas dupe ni l’une ni l’autre du petit jeu qui vient de se jouer. Et puis cette maman qui n’arrive pas et qui obligera une bénévole dévouée à partir dare-dare la chercher : on a appris en 10 ans ce besoin irrépressible de vérifier qu’on est attendu et cette soif inextinguible d’être aimé… peut-être même d’être préféré.
Les joueurs arrivent enfin, plus stressés que nous. Aymeric les accueille et, avec tact, les fait entrer dans l’esprit de famille de La Tilma. Ils fouleront le tapis avec la même joie et le même entrain que nous toutes.
L’émotion est immense : elles se révèlent
Elles nous surprennent en révélant un pan des merveilles qui les habite, et leur tenue n’en est que l’enveloppe. Nous, nous connaissons les histoires lourdes marquées par la violence, les abandons, la pauvreté matérielle ou la solitude. Ou parfois l’arrivée de l’enfant qui désempare tout à coup un quotidien bien maîtrisé. Et elles se retrouvent sur ce tapis, riches ou pauvres, cadres
quadra ou jeunes femmes issues des quartiers populaires, migrantes ou bretonnes depuis des générations. Chacune brille à sa manière, avec la Rabine pour écrin et l’étayage de nos gladiateurs modernes, les rugbymans.
Nous nous nourrissons respectivement de ce que nous sommes et cela s’est vu ce jour là. Dans ce stade, le public a pu contempler ce miracle d’une vraie fraternité, unique condition de la réussite de cette mixité sociale rare, très loin de la tolérance mièvre.
Nous nous sentons mutuellement honorées de nous être rencontrées et chaque rencontre est une providence.
Leur force, leur courage et leur capacité infinie à aimer resteront la plupart du temps dans l’ombre. Pourtant, ces héroïnes du quotidien qui osent l’aventure de la maternité « sans filet de secours », méritent d’être dans la lumière. Devant nos yeux ébahis, elles se sont saisies pleinement de l’occasion, avec entrain, joie, détermination, décontraction, simplicité dont la plus belle preuve est le sourire des enfants et l’air béat du public tout VIP fut-il. Les gens sont heureux. Tout simplement. De cette joie légère et inattendue, celle qui restaure les cœurs brisés.
Ce vendredi 10 mars, la Rabine s’est enflammée ! Le vent souffle où Il veut et comme Il veut ! Pourquoi pas le long d’un tapis rouge !?
Isabelle de Préville